mardi 12 juillet 2011

NEW ORLEANIMALS/ le concert

Les Ericson's Band s'échauffent



La machine merveilleuse sur la table s'appelle un visualiseur.
C'est un outil de conférencier, à mi chemin entre Wall-E et un banc titre.
Elle permet d'éclairer et de retransmettre en temps réel, mes dessins, grâce à une caméra
sur un ordinateur, un écran de contrôle, ou comme ici, un projecteur.


Je débarque à 9 h 30 sur le site du festival, après une brève nuit, écourtée par la réalisation, au dernier moment, d’images à systèmes, qui permettent de faire bouger des personnages sans que mes mains n’apparaissent à l’écran.

C’est le premier jour du festival, il y a la queue à l’entrée, je passe avec mon pass, mes cartons gonflés de dessins sous les bras. Le concert n’est qu’à 17h, mais j’ai préféré prendre de l’avance en cas de péripéties. J’ai bien fait.

Je cherche quelqu’un pour me guider jusqu’à la salle dans laquelle on va jouer. Le temps d’être renvoyé d’un bénévole à l’autre, j’atteins mon but une heure plus tard. Deux surprises vont avec: pour s’y rendre, il faut traverser les toilettes des dames, puis traverser la cour aux poubelles, puis prendre une sortie de secours en guise d’entrée. Voilà de quoi donner envie aux gens de venir nous voir.

Et lorsque j’arrive dans cette grande salle, haute de plafond, avec des rideaux parfaits pour faire le noir, et une petite estrade qui conviendra au groupe, une petite montée de stress me saisit : elle est vide cette p… de salle ! On m’avait promis qu’il y aurait des chaises et du matos pour filmer mes dessins et les projeter. Personne n’est au courant de quoique ce soit. Je suis tout seul à m’agiter dans le vide. Je passe une autre heure à chercher le concierge pour m’ouvrir le placard aux chaises. Il a aussi la clé qui descend l’écran géant sur un des murs. Et zou, me voilà avec 8 piles de 10 chaises que je place rapidement avec mes petites mimines, parce que les musiciens arrivent à 14h, et que j’ai toujours pas réglé mon problème de matos.

Vu qu’il m’a été promis en même temps que les chaises et le hall d’entrée, j’ai de quoi m’inquiéter.

Bref, j’arrête là le bureau des pleurs, y a encore d’autres trucs dans le genre, mais c’est inutile d’en parler, ça m’apprendra à me méfier lorsqu’on me propose de faire des trucs gratuitement. On est traité comme tout ce qui est gratuit, c’est normal.

ça a fini que j’ai ramené mon propre visualiseur, payé par Sax & CO, l’association du saxophoniste Philippe Geiss, avec qui je joue parfois un autre concert dessiné. La salle prête, je n’avais plus qu’à attendre l’arrivée des musicos.

Et là, je ne peux que saluer la capacité d’adaptation des Ericson’s Band. Ils débarquent d’un autre département, ils ne connaissent personne, ils ont jamais vu la scène qu’ils vont devoir mettre en musique dans les heures qui suivent, et puis surtout, ils n’ont jamais vraiment vu ce que je comptais faire durant leur prestation. Chaque répétition s’est déroulée sans visualiseur pour mes dessins, et une semaine avant, je n’avais pas encore établi définitivement mes principes d’image.

Et avec une bonne humeur inébranlable, ils s’installent, soufflent, pianotent, grattent et battent leurs trucs sans faire de chichi. Toutes les répétitions se faisaient dans les salons des uns ou des autres, autour de Sarrebourg, et bah là, c’était pareil, comme à la maison.

On a eu le temps de faire une répétition, bien tranquilles dans notre salle sombre et fraîche.

Puis est venu le moment d’aller haranguer la foule.

Sur la place du Maréchal de Lattre de Tassigny , après une annonce du président du festival au micro: un saxo, une trompette, une clarinette et une washboard accordent leurs violons. Ils entament Down By The Riverside et c’est toute la Nouvelle Orléans qui circule entre les festivaliers surpris. On entre dans la salle de la Bourse, ça résonne, ça détonne. Les dédicaces des auteurs s’interrompent, les regards se lèvent des dessins, tout est secoué, les Ericson’s Band s’en donnent à cœur joie. Les gens suivent petit à petit, on passe à travers les toilettes féminines, les poubelles, la sortie de secours, et c’est parti. Chacun à sa place, le concert dessiné commence.

Chaque morceau raconte, en une dizaine de cases prédessinées, et légendées, l’histoire de chaque animal. Plus de 70 images en tout, qui s’enchaînent à toute vitesse.

Entre les morceaux, l’instrument, représentant l’animal, improvise. A l’écran, j’anime le personnage par une image à système : l’ours blanc est un pantin, la grenouille tire la langue à l’extrême, la tortue remue les bras nerveusement… Des applaudissements viennent clôturer chaque solo, comme dans un vrai concert.

Huit pièces musicales, et autant d’improvisation.

Le final est un dessin animé de 5 minutes, mettant en scène un chasseur mélomane, qui vient à la rencontre du groupe animalier. Pour l’occasion, je délaisse les crayons et ma place dans le public, et vient sur scène jouer la bande son à la guitare. Le groupe reprend par-dessus.

Tout s’est passé à cent à l’heure. Les erreurs, les malentendus, rendent le spectacle encore plus vivant. En bonne première fois, tout est inattendu, autant pour moi, pour les musiciens, que pour le public confronté à un spectacle qui n’est pas forcément répandu, et navigue entre le concert, le spectacle de marionnettes, le cinéma, et le côté funambulesque de l’exécution en direct, sans filet. La proximité avec le public, dans une salle de réunion syndicale, a rendu les choses intimes. On entendait les réactions, les rires des gens.

Les lumières rallumées, je découvre une salle presque pleine (80 chaises) et une caméra fixée sur un pied derrière moi. Dés que je mettrai la main sur ce film, j’en diffuse des bouts, promis. A la fin, les gens se sont levés, et sont venus regarder les dessins. Des retours directs, des dédicaces dans tous les sens.

Bref, après avoir tant sué, et lutté pour que tout marche, la confrontation publique fût un bonheur. Les gens se sont marrés, nous aussi. On a fêté ça autour de plein de bières et d’un repas de gaulois organisé par le festival.

Après cette première, on va pouvoir se roder pour que ça roule, il ne nous reste plus qu’à dénicher des dates, et des lieux, où on pourra trainer notre « New Orléanimals » avec la même énergie et la même joie.

3 commentaires:

aki a dit…

Hey, félicitations ! Ça a l'air chouette ce projet. Passez donc à Paris ;)

Tanpi a dit…

Hey Merci!
On passe à Paris, juste après trois dates déjà complètes au Carnegie Hall à NY, jcrois.
Pour de vrai, ce sera déjà un rêve si on arrive à tourner localement. Avec 8 personnes sur le projet, qui ont tous un boulot à côté, c'est compliqué de s'exporter. Mais après tout, pourquoi pas. Ils ont déjà eu des propositions pour jouer dans un resto à Paris, je crois, il suffirait de m'incruster discrètement, avec mes machines et mes dessins. ça serait tellement fou.

aki a dit…

Okay ! Ben tu me diras alors si ça se fait :D

 
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